Depuis 2017, à l’occasion de la journée internationale des personnes âgées (1er octobre), les Petits Frères des Pauvres publient tous les ans leur rapport sur l’isolement et la solitude des personnes âgées. Cette année, il était consacré à la vie affective, intime et sexuelle des personnes âgées.
Les bénévoles des Petits Frères des Pauvres sont les témoins privilégiés de confidences sur la vie affective ou les carences de celles et ceux qu’ils accompagnent. Souvenirs d’un amour parti ou disparu, envie d’être encore aimé, désiré, touché, espoir de pouvoir encore rencontrer quelqu’un sans savoir comment faire ou volonté farouche de rester seul…
Il arrive à l’occasion d’animations collectives ou de séjours de vacances organisés par notre Association que deux solitudes se rencontrent, s’attirent et que des couples se forment.
Notre expérience de Solitud’Ecoute nous révèle que la vie affective représente le 3ème thème d’appels (expressions d’une souffrance liée au manque de contact, de toucher et de tendresse).
Penser la qualité de vie d’un individu, s’attacher aux conditions de vie des personnes âgées, c’est penser à toutes les composantes de la vie, et donc à la vie affective, intime et sexuelle.
Or, force est de constater que ce sujet est un impensé, classé au rang des tabous pour notre société et les clichés qui l’entourent sont nombreux. Les clichés isolent, stigmatisent.
Pour changer les regards sur ce sujet, l’Association s’est appuyée sur l’étude menée par CSA pour révéler le décalage entre les représentations que la société véhicule sur les personnes âgées et la réalité qu’elles vivent.
Liste des principaux Enseignements :
- Le sentiment amoureux s’émousserait avec l’âge. Une idée fausse puisque 94 % des personnes âgées déclarent être amoureux de leur conjoint(e). Un sentiment amoureux qui perdure quel que soit l’âge.
- Les clichés voudraient que les vieux couples n’auraient plus rien à se dire et plus trop de raisons de communiquer entre eux. Pourtant, pour nos aînés, l’essentiel dans le couple, c’est la complicité (53 %), le rire (50 %) et les confidences (48 %).
- Dans notre société qui expose aisément la beauté des corps, ceux des aînés sont considérés comme non désirables. Pourtant, 71 % des personnes âgées interrogées dans notre rapport trouvent qu’un corps qui vieillit peut rester désirable.
- Autre idée reçue : passé un certain âge, la vie affective et sexuelle n’existe plus. Pourtant, une personne âgée sur deux déclare avoir des relations intimes et 91 % en sont satisfaites.
- Alors que la sexualité est un tabou dans notre société, 84 % des personnes interrogées disent être à l’aise avec le sujet.
- Refaire sa vie quand on est vieux est parfois un impensable pour les proches. Une situation pesante pour 35 % des personnes interrogées ayant des enfants qui redoutent leur réaction s’ils fréquentaient quelqu’un. Et pour une personne âgée sur deux vivant seule, les lieux de convivialité sont plébiscités pour faire des rencontres.
Un défilé intergénérationnel
Le 27 octobre, à l’Hôtel de Ville de Paris (75), les Petits Frères des Pauvres ont organisé un défilé de mode qui a réuni jeunes et vieux pour mettre à l’honneur les liens entre les générations et montrer que la beauté n’a pas d’âge.
Un des enseignements du rapport de l’Association sur la vie affective, intime et sexuelle des personnes âgées mettait en avant le fait que 71 % des personnes âgées interrogées trouvent qu’un corps qui vieillit peut rester désirable. Pourtant, les corps des personnes qui avancent en âge sont aujourd’hui considérés comme non désirables. Notre Association a donc choisi d’organiser un défilé de mode pour casser les idées reçues !
Ce défilé a aussi permis de faire tomber les barrières entre jeunes et aînés en faisant défiler des femmes et des hommes de tous âges (parmi eux, des personnes accompagnées par les Petits Frères des Pauvres), quelles que soient leurs mobilités.
Autre volonté des Petits Frères des Pauvres : prouver que des vêtements dont plus personne ne veut peuvent être recyclés, réinventés et modernisés par de jeunes créateurs talentueux. Les mannequins ont porté des vêtements et accessoires issus de dons à l’Association, qui ont été upcyclés et retravaillés par les étudiants de l’école de mode LISAA.
Un défilé qui restera gravé dans les mémoires des mannequins d’un jour, fiers d’avoir brillé le temps d’une soirée et d’avoir contribué au changement de regards sur la vieillesse.
Même pas mort !
À l’occasion de la journée internationale des personnes âgées, les Petits Frères des Pauvres ont également lancé leur premier podcast. La première saison de « Même pas mort ! » porte sur les tabous autour de la vie affective, intime et sexuelle des personnes âgées.
Ainsi, les 5 épisodes de cette saison proposent des témoignages intergénérationnels et des paroles d’experts (notamment Eric Fiat, professeur de philosophie, Marick Fèvre, co-auteure d’Amours de vieillesse ou encore la célèbre chroniqueuse Maia Mazaurette) pour faire tomber nos idées reçues sur la sexualité des aînés. Les expériences de chacun viennent se mêler et se font écho : de quoi montrer que l’amour n’a pas d’âge et que nous nous ressemblons plus que nous le pensons.
Gage de qualité, notre podcast a obtenu le 1er prix « Sensibilisation du grand public » au Prix Podcast Santé Francophone du Festival de la Communication Santé.
Les épisodes sont disponibles sur toutes les plateformes d’écoute habituelles – Deezer/ Spotify/Podcast Addict/Amazon music/Apple Podcasts/Overcast/Castro
Épisode 1 : Mamies gâteaux, des papis cochons : des corps non désirables
Épisode 2 : Jusqu’à quel âge peut-on tomber amoureux ?
Episode 3 : Avoir du désir toute la vie, c’est possible ?
Episode 4 : Faire l’amour, c’est comment quand on vieillit ?
Épisode 5 : Vieilles et vieux LGBT + : sortir de l’invisibilité
Retrouvez tous les épisodes sur notre page dédiée.
Plaidoyer et influence
la nécessité d'alerter
Association de référence sur les problématiques liées à l’isolement des aînés, les Petits Frères des Pauvres ont multiplié les actions de plaidoyer tout au long de l’année 2022 pour témoigner des situations inacceptables rencontrées et alerter les pouvoirs publics sur la nécessité d’agir.